Le guide ultime de la rando en itinérance

deux felmmes en rando qui pointe du doigt

En 2003, Sylvain Tesson a marché plus de 6000 km de la Sibérie au golfe du Bengale pour retracer le parcours des évadés du goulag, qu’il a raconté dans L’Axe du loup. L’esprit de liberté caractérise indéniablement la randonnée en itinérance, le fait de marcher plusieurs jours d’affilée en dormant chaque soir dans un endroit différent. Ça n’a plus grand chose de naturel pour nous d’avaler 15 à 35 kilomètres par jour et de porter sur le dos tout ce dont on a besoin pour manger, boire et dormir… Pourtant, c’est dans ces moments-là qu’on réalise qu’on a beau être devenus sédentaires, nos ancêtres nomades nous ont légué un amour profond pour la simplicité, l’effort physique et les grands espaces ! Dans cet article, on répond aux 9 questions essentielles qu’on se posent tous sur la rando en itinérance. 

Comment s’équiper ? 

On a tous fait la même erreur la première fois : partir avec un sac beaucoup trop lourd par peur de manquer de quoi que ce soit. C’est pourtant l’une des choses les plus importantes à avoir en tête quand on prépare sa rando : opter pour les équipements les plus essentiels et les plus polyvalents possible. Voici notre sélection maison, que vous pouvez vous procurer d’occasion sur des sites ou des applis comme Everide.  

Les chaussures

Inutile de vous rappeler combien c’est important de prendre soin de ses pieds quand on marche une bonne partie de la journée ! Pour des longues randos où l’on porte un gros sac à dos, il est recommandé d’opter pour des chaussures à tige haute (pour protéger la cheville), aussi étanche que possible (avec une membrane type Gore-Tex ou Outdry) et avec une bonne semelle (crantée, solide et amortissante). Surtout, surtout, faites-vous conseiller en magasin et choisissez des pompes dans lesquelles vous vous sentez bien. Enfin, équipez-vous de chaussettes en mérinos pour vous protéger des ampoules, protéger vos pieds du froid et épargner les odeurs à vos compagnons de route. 

Le sac à dos

En rando, votre dos est au moins aussi précieux que vos pieds ! Le choix du sac est donc déterminant pour pouvoir profiter au mieux de votre aventure. La taille va dépendre du format de celle-ci : si vous dormez tous les soirs en dur en vous mettant les pieds sous la table, un sac de 40 litres sera largement suffisant. En revanche, si vous partez en autonomie avec du matos de bivouac et de la nourriture, partez sur un 50 litres minimum. Mais vous l’avez compris, la pire erreur serait d’opter pour un sac trop grand qu’on remplirait de choses inutiles. Niveau confort, optez pour une armature extérieure si le poids de votre sac dépasse les 10 kilos. Si vous avez facilement chaud, choisissez un panneau dorsal aussi respirant que possible. Réglez bien les sangles de manière à solliciter vos épaules le moins possible. 

Deux femmes en randonnée dans les montagnes suisses
C’est beau, mais c’est haut ! – ©Florian Keller

La tenue tout terrain

Il n’y a pas de mauvais temps, juste du mauvais équipement ! Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il grêle, voici le matos qui va vous permettre de rester le plus au sec possible. 

  • Tee-shirt thermo-régulant
  • Veste polaire
  • Doudoune en duvet
  • Veste imperméable
  • Pantalon déperlant
  • Short
  • Chaussettes en mérinos
  • Paire de bâtons
  • Paire de gants et un couvre-chef

Retrouvez ici le détail des équipements indispensables pour crapahuter par tous les temps. 

Si vous bivouaquez 

Une tente 3 saisons : elle protège du vent et de la pluie, elle convient à la plupart des pratiques et vous suivra toute la vie. Elle doit être légère dans le sac à dos, facile à (dé)monter, robuste et étanche. 

Un sac de couchage : pour jouer la polyvalence, optez pour une température de confort comprise entre 0 °C et 5 °C. En fonction de votre budget, choisissez un sac aussi compressible et léger (entre 600 et 900 g) que possible. 

Une femme devant sa tente
Ça va être une bonne journée – ©Clara Ferrand

Un matelas gonflable pour ceux qui privilégient le confort et le peu d’encombrement, en mousse pour ceux qui cherchent un truc increvable ! Vérifiez bien l’isolation : un matelas 3 saisons a une R-Value comprise entre 2 et 3.

Une popote : pour ne pas remplir la moitié de votre sac avec de la vaisselle en acier inoxydable, on vous conseille d’opter pour du matos compact et ultra-léger : couverts multifonctions, assiettes et bols pliants.

3 trucs à ne jamais oublier

Un couteau : on aurait dû commencer par ça ! Opinel ou pas, c’est l’accessoire indispensable pour couper le saucisson, cueillir des champignons, tailler une sardine dans un bout de bois ou simplement remuer son café. 

Une lampe frontale : indispensable pour avoir les mains libres quand on monte la tente, qu’on prépare la tambouille, qu’on bouquine au chaud ou quand on va faire pipi ! Une puissance inférieure à 200 lm suffira pour tout ça. 

Trois amis marchent dans la montagne
3 kilomètres à pied, ça use ça use – ©Florian Keller

Une trousse de secours : on vous souhaite de ne jamais avoir à la sortir ! N’empêche, ça serait trop con de ne pas pouvoir soigner une entorse, une ampoule ou simplement retirer une tique. Elle s’achète toute faite en parapharmacie. 

Comment organiser son sac de rando ? 

C’est important de répartir correctement les charges dans son sac, pour éviter de se retrouver avec le dos en vrac après 3 jours de rando ! La règle de base : répartir ses affaires des plus lourdes aux plus légères, en partant de son dos vers l’extérieur du sac. 

Une homme porte un sac à dos de randonnée
Chaque chose à sa place, une place pour chaque chose ! – ©Yannis Varoutsikos
  1. Le long du dos : c’est là qu’on place les objets les plus lourds (réserve d’eau par exemple) afin d’approcher au maximum du dos le centre de gravité du sac. 
  2. Dans la poche centrale : sur la partie frontale du compartiment principal, on stocke les affaires les plus légères telles que des fringues de rechange ou une polaire. 
  3. En haut du sac : on y stocke les objets auxquels on a besoin d’accéder facilement : carte, lunettes de soleil, crème solaire, lampe frontale, etc.
  4. Au fond du sac : c’est là qu’on range les affaires volumineuses mais pas trop lourdes : sac de couchage, matelas de sol, doudoune. Surtout, rien de fragile ! 

Comment préparer son itinéraire de rando ? 

La France compte près de 200 000 kilomètres de sentiers balisés ! Autant vous dire que vous n’avez pas besoin d’aller très loin pour trouver votre bonheur. Le plus difficile va être de choisir. La première question à vous poser : préférez-vous parcourir un itinéraire qui existe déjà, ou innover en créant un truc à votre sauce ? 

Opter pour un itinéraire existant

La Fédération Française de Randonnée a (très) bien bossé : dans toute la France, on trouve des sentiers balisés qui sont autant d’invitation à crapahuter pour les découvrir. Les chemins de Petite Randonnée (PR) sont des itinéraires d’une durée maximale d’une journée. Les sentiers de Grande Randonnée de Pays (GRP) sont en général des boucles qui permettent de faire le tour d’un “pays” (ex. le GRP Tour du Lac d’Annecy ou le GRP Tour du Morvan). Les chemins de Grande Randonnée (GR) sont plus longs, souvent en ligne droite et permettent de parcourir des territoires avec une diversité incroyable de paysages. On vous propose ici des idées de treks, souvent des GR !  Pour ne citer qu’eux : le GR 10 traverse les Pyrénées, le GR 49 qui part de la Méditerranée au cœur des gorges du Verdon, le GR 20 vous ferra découvrir la Corse. 

Trouvez votre prochain GR ou GRP sur Mon GR, sur l’appli Iphigénie ou sur Way Marked Trail

Une femme marche dans le Golfe du Morbihan
Elle est pas belle la vie ? – ©Sophie Gateau

Créer son itinéraire maison

Vous voulez relier Bourrelets-les-Boeufs au gîte-étape des Roupettes en passant par le bois de la Hulotte ? Vous pouvez tout à fait créer votre propre itinéraire en utilisant des cartes IGN TOP 25 (échelle 1 : 25 000). Elles sont idéales pour les randonneurs qui progressent à 5 km par heure environ, soit 20 cm sur le papier (1 cm sur la carte = 250 mètres sur le terrain, vous suivez ?). Vous pouvez également tracer votre itinéraire sur le site de Komoot, que vous pouvez ensuite suivre sur l’application sur votre smartphone, même hors connexion. 

Rendez-vous ici pour trouver votre carte IGN TOP 25 et ici pour apprendre à créer un itinéraire sur Komoot, c’est par ici que ça se passe. 

Si vous ne voulez même pas vous soucier de l’itinéraire, partez avec Chilowé !

Comment se guider en chemin ?

Préparer son itinéraire sur internet ou sur une carte avant de partir à l’aventure permet de commencer à rêver avant le grand départ. Une fois qu’il est prêt, à vous de décider comment vous allez le suivre sur le terrain : avec une carte papier, en vous fiant à la signalétique ou en suivant l’itinéraire téléchargé sur une appli de votre smartphone. 

Avec une carte et une boussole

Pour déterminer la direction à suivre (votre azimut), tracez sur votre carte une ligne qui relie le point A (là où vous êtes) au point B (là où vous voulez aller). Positionnez votre boussole sur la carte, avec sa flèche parallèle à la ligne tracée et orientée vers le point B. Faites tourner le cadran gradué pour faire correspondre son nord avec le nord de la carte. L’angle entre la flèche de visée et le nord du cadran gradué détermine votre azimut (de 0° à 360°). 

Une carte et une boussole
Complètement azimuté – ©Yannis Varoutsikos

Pour suivre votre azimut sur le terrain, faites tourner la boussole à plat dans votre main tout en gardant l’azimut aligné avec la flèche de visée, pour aligner l’aiguille rouge avec le nord du cadran. La flèche de visée indique alors la direction dans laquelle vous devez aller pour rejoindre le point B ! Pour la suivre, marchez en suivant la direction indiquée par la flèche de visée. Pour être plus précis, visez un objet (arbre, château d’eau, habitation) situé dans la direction indiquée par la flèche et renouvelez l’opération une fois que vous l’avez atteint. Bonne route ! 

Grâce au balisage

Si vous suivez un PR, un GR ou un GRP, ouvrez bien l’œil ! La signalisation mise en place par la FFR vous permet de suivre ces itinéraires de leur point de départ à leur point d’arrivée, presque sans jamais ouvrir une carte ou un smartphone. 

  • Les PR sont balisés d’un trait jaune 
  • Les GRP sont balisés avec des traits horizontaux jaunes et rouges 
  • Les GR sont balisés avec des traits horizontaux blancs et rouges
Signalétique randonnée
De la droiche à la gaute – ©Fédération Française de Randonnée Pédestre

Grâce à votre smartphone

Si vous partez plusieurs jours ou plusieurs semaines, le smartphone permet d’embarquer l’équivalent de plusieurs cartes consultables sans connexion, pour un encombrement et un poids optimales. Avant de partir, il faut bien penser à télécharger les cartes que vous comptez utiliser ; si vous avez préparé votre propre itinéraire, il faudra également avoir téléchargé le fichier KML ou GPX qui permettra de le suivre sur votre appli. Là encore, vous avez l’embarras du choix : ViewRanger, VisoRando, iPhiGéNie, Komoot… Toutes sont fiables, bien foutues, mais ont des interfaces et des fonctionnalités différentes : à vous de les tester et de choisir laquelle répond le mieux à votre utilisation. 

Comment se restaurer ? 

Notre dépense énergétique dans la vie quotidienne (plutôt sédentaire) ne dépasse pas les 2000/ 2500 kilocalories (kcal) par jour. En rando itinérante, on dépense beaucoup, beaucoup d’énergie. Nos besoins en calories vont être chamboulés par plusieurs critères : la température, le poids du sac, le nombre de kilomètres et le dénivelé parcourus. En montagne avec un gros sac, on peut facilement consommer jusqu’à 6000 kcal dans la journée. Alors, pour vous assurer que vous mettez suffisamment de carburant dans la machine, allez jeter un coup d’œil à notre tuto Comment bien s’alimenter avant pendant et après l’effort ?  ou à nos 5 recettes de pique-nique pour se régaler dans la nature

Un sanwich et un mug Chilowé
Bon appétit bien sûr ! – ©Adrien Plaud

Où passer la nuit ? 

Au bivouac

Pour dormir dans la nature, la sécurité, le respect de la réglementation et le confort de l’emplacement que vous choisirez doivent toujours prévaloir sur son instagrammabilité. Allez jeter un coup d’œil au compte @youdidnotsleepthere pour comprendre le problème ! 

  • Trouvez un endroit éloigné de la circulation et des champs cultivés 
  • Sélectionnez une surface plane 
  • Pour pouvoir planter vos sardines, vérifiez que le sol n’est pas trop sableux ou trop caillouteux 
  • S’il y a des moustiques, cherchez un endroit où il y a de l’air. A défaut, privilégiez une plaine ou un champ plutôt qu’une forêt 
  • Ne vous installez pas trop près d’étangs ou de rivières pour éviter le froid et l’humidité qui s’en dégagent
  • Respectez la réglementation applicable au lieu où vous vous trouvez : Parc Naturel Régional, littoral, forêt domaniale etc. 
Un couple bivouac dans la montagne
S’aimer, c’est bivouaquer ensemble dans la même ascension – ©Un duvet pour deux
Faire son premier bivouac avec chilowé

En refuge

Il existe environ 300 refuges gardés en France (dont ces 5 refuges mythiques). On peut y dormir (souvent en dortoir) et s’y mettre les pieds sous la table moyennant un prix qui varie d’un refuge à l’autre. Ce sont des bulles d’aventure et d’hospitalité qui attirent de plus en plus de monde. Cela implique trois petites règles super simples :

  1. Systématiquement réserver sa place dans le dortoir sur les sites FFCAM de chaque refuge
  2. Prendre soin du lieu en le laissant aussi propre qu’il était à notre arrivée et en redescendant nos déchets
  3. Respecter les autres dans ces endroits souvent exigües et propres à la promiscuité… calme, hygiène, respect des horaires sont de mise

À côté de ça, il en existe environ 1200 autres refuges, plus petits et souvent plus rustiques, qui sont en accès libre et offrent un abri pour la nuit en pleine nature. Vous pouvez retrouver toutes les informations les concernant sur le site refuges.info

Une refuge de montagne en Suisse
La petite maison dans la montagne – ©Florian Keller
Partir en refuge avec chilowé
Partir en cabane non gardée avec chilowé

En gîte d’étape

Ils proposent le gîte et le couvert à proximité des itinéraires de randonnée. Certains fournissent les draps et tous proposent une cuisine et une salle commune pour préparer et partager les repas. La réservation est obligatoire et peut se faire sur plusieurs sites dont celui-ci. N’hésitez pas à aller faire un tour aussi du côté de nos 20 hébergements nature préférés, qui jouxtent pour la plupart de magnifiques sentiers de randonnées. 

Comment partir avec des enfants ? 

Partir en rando itinérante avec vos enfants, c’est sans doute la meilleure décision que vous prendrez cette année ! Mais ça ne s’improvise pas : allez d’abord jeter un coup d’œil au 10 équipements indispensables qu’on vous conseille d’embarquer et à nos 8 conseils pour partir à l’aventure en famille

Des enfants en randonnée dans les gorges de l'Ardèche
Wakatépé Baboune ! – ©Petit Bivouac

Comment ne laisser aucune trace ? 

Passer du temps dans la nature, c’est génial à condition de ne pas y débarquer avec ses gros sabots. Pour minimiser son impact, le minimum c’est de connaître et d’appliquer les 7 principes du Leave no trace (born in the USA) : simples, basiques, efficaces.

  • Se préparer : vérifier la réglementation, surveiller la météo, s’équiper en conséquence et éviter les pics de fréquentation. 
  • Respecter le terrain : privilégier les sentiers balisés et marcher en petits groupes, planter sa tente sur des lieux de bivouac déjà utilisés. 
  • Gérer ses déchets : rapporter tous ses déchets (même le PQ usagé) et utiliser des produits biodégradables pour faire sa toilette. 
  • Toucher avec les yeux : ne déplacer aucun élément naturel (plantes, roches etc.), pour laisser l’endroit dans l’état dans lequel on l’a trouvé. 
  • Minimiser l’usage du feu : utiliser les emplacements existants, garder le feu aussi petit que possible et privilégier le réchaud pour la cuisine. 
  • Respectez la faune : ne pas nourrir, suivre ou approcher les animaux, surtout en période sensible (accouplement et nidification). 
  • Prendre soin des autres : Respecter l’expérience des autres usagers en étant courtois et évitant le bruit pour laisser la place aux sons de la nature.  
Un homme en randonnée dans la montagne
Leave no trace, LEAVE NO TRACE – ©Florian Keller

7 idées d’itinéraires de rando mythiques

Voilà, normalement vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous lancer. Si vous avez besoin d’un dernier petit coup de pieds aux fesses, voici 7 itinéraires pour suivre les Captains Chilowé pour une rando mythique avec d’autres chilolos. On s’occupe de tout, vous vous occupez de.. marcher !  

  • Le tour du Mont-Blanc : 7 jours pour connaître la plus haute montagne d’Europe sous toutes ses coutures, lumières et reliefs.
  • Le GR 20 Sud : 8 jours sur ce sentier mythique réservé aux plus chevronnés ou si vous avez bu de la potion magique.
  • Le tour du Queyras : un ciel toujours bleu, un massif sauvage et préservé, des pics rocheux mythiques et des lacs d’altitude.
  • Les gorges du Verdon : vues d’en bas en canoë c’est déjà une expérience, mais alors vues d’en haut on vous raconte pas !
  • Le tour de Belle-Île : 5 jours pour profiter du micro-climat de Belle-Île et se shooter à l’iode
  • La côte Vermeille : marcher de Collioure à Cadaqués et relier deux pays en 1 semaine.
  • Traversée du Mercantour : aussi connu sous le nom de vallée des Merveilles, on dit ça on dit rien.
lac et montagnes
Au pays des merveilles – © Chilowé

Pour partir en autonomie, découvrez nos CHILO Topos qui vous donnent toutes les infos pratiques pour réaliser vous même des itinéraires mythiques comme le tour du Val d’Azun ou les gorges du Tarn.

En route, mauvaise troupe !