Imaginez le tableau : vous randonnez tranquillement, là-haut sur la montagne, l’air est frais, le ciel bleu, l’odeur de sapin emplit vos poumons. Mais en quelques secondes, tout change. Le décor de carte postale laisse place à celui de fin du monde. Le ciel d’assombrit, la pluie tombe à grosses gouttes, les éclairs retentissent.
Violent, imprévisible et spectaculaire, l’orage est l’un des dangers les plus sous-estimés lorsqu’on pratique une activité outdoor en montagne, comme le trek ou la randonnée. Et mieux vaut savoir comment réagir si vous vous retrouvez dans cette situation ! Alors ni une ni deux, on vous explique tout ce qu’il faut savoir sur les comportements à adopter lorsque vous vous faites surprendre par un orage en pleine montagne.
Prévenir l’orage : repérer les signes avant-coureurs en montagne
Un orage en montagne ne tombe jamais vraiment de nulle part. Il y a souvent des signes que l’on peut apprendre à repérer : une chaleur écrasante, une humidité inhabituelle, des nuages qui s’accumulent et foncent à vue d’oeil, le vent qui tourne ou forcit d’un coup.
Le premier conseil que l’on peut vous donner, c’est de toujours consulter le bulletin météo avant de partir randonner. Si un risque d’orage est annoncé, alors il peut être opportun d’adapter votre itinéraire. Partez tôt, évitez les crêtes, prévoyez une boucle plus courte et des points de repli possibles : refuge, cabane, descente rapide, etc…
Utilisez les bonnes sources : Météo-France Montagne, Alertes Vigicrues ou des applis comme Windy, MétéoBlue ou YR.no donnent souvent des tendances fiables à quelques heures près. Mais gardez en tête que la météo en montagne peut changer très vite.
Où ne surtout pas se trouver pendant un orage en montagne ?
Quand l’orage est là, il ne faut pas seulement penser à s’abriter. Il faut surtout éviter les endroits les plus dangereux :
- Les crêtes et les sommets : ce sont les zones les plus exposées aux éclairs. Le sommet, c’est génial pour la vue, moins pour faire paratonnerre.
- Les zones très ouvertes (alpages, prés) : si vous êtes le point le plus haut, vous devenez une cible de choix pour la foudre.
- Les arbres isolés : même principe, surtout ne pas s’abriter sous un seul arbre.
- Les barres rocheuses, les falaises, les éboulis ou les pierriers : glissants, instables et risqués en cas de panique ou de fuite précipitée.
- Les cours d’eau et les lits de torrents : lors d’un fort orage, une grande quantité d’eau peut tomber en quelques minutes, et les risques de crue soudaine ou de foudre par conduction sont réels.
Que faire si vous êtes pris dans l’orage en pleine montagne ?
Première règle : garder son calme. Plus facile à dire qu’à faire, mais c’est essentiel pour prendre de bonnes décisions.
Si vous avez encore le temps de descendre, éloignez-vous des crêtes et perdez rapidement de l’altitude. Cherchez un creux de terrain, une zone boisée (mais pas sous un arbre isolé), ou un replat loin des points culminants. S’il y a un refuge, une cabane ou même une forêt dense, ce sont de bons choix pour vous abriter le temps que ça passe.
Si vous êtes à découvert (on parle du terrain, pas de votre compte en banque), accroupissez-vous sur votre sac de randonnée (sauf s’il a une armature métallique), les pieds serrés, en essayant de réduire votre surface au sol. Ne vous allongez jamais.
Rappelez-vous également que le metal attire la foudre. Il convient donc de ranger tous vos objets métalliques et de vous éloignez de votre sac si celui-ci contient du métal. De même, évitez de téléphoner ou de manipuler du matériel électronique.
En groupe, espacez-vous d’au moins 5 à 10 mètres pour éviter que tout le monde soit touché en même temps si la foudre venait à tomber sur votre zone.
Et après l’orage ?
Une fois le calme revenu, attendez encore une trentaine de minutes avant de repartir, car des éclairs peuvent survenir alors que l’orage semble éloigné.
Vérifiez que le terrain est sûr : les éboulis peuvent être instables, les torrents en crue, et vos appuis glissants. Prenez le temps de vous réhydrater, de vous réchauffer si besoin, et de faire le point sur la suite de l’itinéraire. Parfois, mieux vaut rebrousser chemin.
Comment réagir si quelqu’un est touché par la foudre ?
C’est (très) rare en réalité, mais ça arrive. Si l’un des membres de votre groupe est frappé par la foudre, gardez la tête froide. Contrairement à une idée reçue, une personne foudroyée ne reste pas « électrifiée » : il n’y a aucun danger à la toucher. Intervenez immédiatement. Vérifiez si la victime respire et si elle est consciente. Si ce n’est pas le cas, commencez la réanimation cardio-pulmonaire (massage cardiaque + bouche-à-bouche si vous le maîtrisez).
Appelez les secours (112) dès que possible. Donnez un maximum d’informations : localisation précise, état de la victime, météo sur place. Si la personne est consciente, installez-la à l’abri, gardez-la éveillée et au chaud en attendant les secours. Une couverture de survie et un sac de couchage peuvent être décisifs : c’est pourquoi on prend toujours ce matériel dans son sac de rando. Mais attention : n’utilisez JAMAIS de couverture de survie tant que l’orage est actif ! Elle pourrait attirer la foudre…
Dans tous les cas, la victime doit être prise en charge, même si elle semble aller bien. Des troubles cardiaques ou neurologiques peuvent survenir après-coup.
Conclusion : l’orage en montagne, un danger à ne pas sous-estimer.
La montagne est belle, mais elle peut parfois être dangereuse. L’orage y est plus présent, plus violent, et plus dangereux qu’en plaine. Avec un peu d’anticipation, de bon sens et de vigilance, vous pouvez éviter le gros du danger. Et si vous êtes surpris, les bons réflexes feront toute la différence.
Et puis, entre nous, mieux vaut un demi-tour à midi qu’une descente à 20 heures, trempé comme une soupe.