Nouvel An : trek en raquettes, des glaciers aux fjords Norvègien

Jour 1
On se retrouve à Paris Gare de l’Est, sac sur le dos et sourire aux lèvres. Direction Hambourg en train, puis cap sur Oslo à bord d’un train de nuit. C’est le moment parfait pour faire connaissance avec la tribu, partager nos premières histoires, feuilleter un bouquin ou laisser filer nos pensées par la fenêtre. Entre deux discussions et rêveries, on commence aussi à plonger dans le projet d’aventure qui nous attend : cartes étalées, itinéraire en tête, organisation et petites astuces dévoilées. Le voyage est une aventure en sois, mais il a ce charme des grandes traversées qui nous emmènent pas à pas vers un autre monde. On quitte la routine pour glisser doucement vers le Grand Nord.

Jour 2
Depuis Oslo, on embarque dans un train pas comme les autres : la mythique ligne de Bergen. Les rails grimpent jusqu’à Finse, perchée à 1 222 m d’altitude, au cœur du plateau du Hardangervidda. Quand on descend du wagon, c’est le choc : silence total, lumière éclatante, immensité blanche à perte de vue. On pose nos affaires dans un refuge chaleureux où on se sent déjà comme à la maison, où l’on passera les deux prochaines nuits.

Acclimatation à Finse – Préparation de la traversée.

Aujourd’hui, on reste à Finse pour prendre nos marques. On s’acclimate tranquillement à l’altitude et à l’ambiance glaciale du plateau. Au programme : test du matos, check des sacs et dernières consignes de sécurité. On s’amuse à organiser les pulkas (ces luges d’expédition qui deviendront nos meilleures alliées), on répartit les vivres et on affine l’itinéraire cartes en main.
On en profite aussi pour explorer les alentours : petite boucle autour du lac gelé, coup d’œil aux abords du glacier Hardangerjøkulen et contemplation des lumières qui changent sans cesse sur la neige. En fin de journée, grand briefing collectif sur le raid nordique : météo, rythme, esprit de l’aventure… histoire d’être fin prêts pour le départ.

Départ du raid nordique – Entre glaciers et montagnes.

C’est le grand départ ! Raquettes au pied, on quitte Finse pour s’enfoncer dans l’immensité blanche. Autour de nous, les reliefs s’élèvent doucement, sculptés par les vents et les siècles. À l’horizon se dresse le Hardangerjøkulen, le sixième plus grand glacier de Norvège : une calotte majestueuse, aux langues de glace qui s’étirent comme des fleuves figés. Sa masse étincelante accroche la lumière et nous donne la sensation de marcher au seuil d’un autre monde.

Ces deux premières journées sont celles des grandes premières : l’effort en autonomie, la coordination avec les pulkas, l’art de trouver le bon rythme ensemble. On avance en équipe dans un décor immobile et silencieux, sur une itinérance accessible — environ 15 km et 400 m de dénivelé positif par jour. Le soir, on retrouve la chaleur des refuges norvégiens perdus au milieu du plateau. Bois qui crépite, repas simples et copieux, ambiance tamisée… On y vit comme de vrais trappeurs, heureux d’avoir gagné notre toit au prix de l’effort collectif.

C’est notre cinquième jour d’aventure, mais aussi le 31 décembre ! Au refuge nous nous préparons donc à faire la fête au milieu de la Norvège, avec d’autres inconnus qui deviendront nos amis lointains ! On en profite même pour faire une petite marche nocturne au clair de lune en cette première nuitée de 2026 ! Peut-être même une aurore boréale ?

Traversée des balcons du fjord – Vue plongeante sur le Hardanger.

Bonne Année 2026 !! 🎉 On poursuit notre raid au-dessus du Hardangerfjord, sur les hauteurs du plateau. L’itinéraire serpente entre crêtes douces et combes abritées : une progression accessible à toutes et tous, où chacun trouve son rythme sans pression. Par temps clair, la vue coupe le souffle : tout en bas, les eaux bleu profond du fjord se faufilent entre des falaises abruptes, un contraste saisissant avec l’immensité blanche qui nous entoure. C’est ici qu’on prend conscience de la géographie si particulière de la Norvège, ce mariage unique entre mer et montagne.

Sur le chemin, on garde les yeux ouverts : empreintes dans la neige, oiseaux planant dans le ciel, renards polaires parfois curieux… la vie sauvage laisse ses traces discrètes et nous rappelle que ce plateau est bien habité.

En fin de journée, on retrouve un refuge typique perché au-dessus du fjord. Moins cosy que les premières haltes, mais avec une vue qui se passe de cheminée : larges fenêtres ouvertes sur l’horizon, isolement total et le sentiment d’être seuls au monde. Un campement rustique, parfait pour goûter pleinement à la vie de trappeur et à la magie du Hardangervidda.

Immersion au cœur des plateaux – Ambiance polaire.

Deux jours au cœur des altiplanaux norvégiens. Ici, tout est silence et blancheur. Le vent façonne le relief, la neige sculpte les formes. Nous évoluons en pleine autonomie, dans une ambiance polaire presque lunaire. Le ciel immense, les étendues vierges et les jeux d’ombre et de lumière renforcent le sentiment de voyage hors du temps.

Le soir venu, nous nous installons dans notre refuge dans des lieux retirés, en pleine nature. Dîners chauds partagés autour d’un bon feu de cheminé échanges sous un ciel d’étoiles, et sommeil profond dans le calme absolu.

Trolltunga – Fin de l’expédition – Arrivée à Odda.

Dernière étape du raid : on arrive à la mythique Trolltunga, la “langue du troll”. Ce promontoire de roche jaillit dans le vide, comme une passerelle suspendue à 700 mètres au-dessus du lac bleu intense de Ringedalsvatnet. On avance prudemment sur cette langue minérale sculptée par les glaciers, regardant l’immensité, le souffle coupé par le panorama. Un final spectaculaire pour clôturer notre traversée.

On descend ensuite vers Odda, petite ville blottie entre fjord et montagnes. On s’installe dans une auberge et on savoure la première vraie douche après plusieurs jours en autonomie. On ressent à la fois la fierté, la fatigue et la grande satisfaction collective. Le soir, un bon repas chaud et un verre partagé viennent sceller l’aventure.

Retour à Paris via Hambourg.

Après notre longue aventure, le moment est venu de rentrer à Paris. On prend notre train de nuit direction Hambourg. À l’arrivée, on profite d’un court moment pour respirer une dernière fois l’ambiance germanique : rues animées, odeurs de café, calme du port. Un adieu discret mais symbolique à notre périple. On arrive à Paris – Gare de l’Est à 15h, le 7 janvier.