Nouvel An Jura : rando raquettes, refuges, et fondue dans le Risoux

Nous nous retrouvons à 11h à la gare de Vallorbe ou directement à Bois-d’Amont pour 12h. À midi, nous partageons un pique-nique tiré du sac avant d’entrer dans l’ambiance : briefing, préparation du matériel, et chacun harnache sa pulka comme si nous partions en expédition dans le Grand Nord. La montée vers le Chalet Gaillard se fait en douceur, à pied ou en raquettes selon l’enneigement.

Au fil du sentier, nous pénétrons dans la forêt du Risoux : un océan de sapins aux troncs massifs, silencieux, presque inquiétants. C’est par ici que les contrebandiers passaient jadis, chargés de tabac, d’alcool ou de denrées rares, connaissant chaque recoin comme leur poche.

En fin d’après-midi, le refuge que nous avons privatisé pour le groupe apparaît, perdu au milieu des bois. À l’intérieur, le poêle ronronne. Nous nous installons, sortons nos chaussettes sèches et préparons ensemble un repas montagnard qui emplit la pièce d’odeurs de fromage et de bois brûlé. Après le dîner, nous sortons un instant : la nuit est noire, l’air vif, la neige crisse. Nous tendons l’oreille : la forêt parle, entre craquements et murmures lointains. Le ton est donné.

Après un petit-déjeuner copieux, nous partons pour une grande boucle dans la forêt du Risoux. Tout au long du chemin, nous apprenons à lire la neige comme un livre ouvert : empreintes de chevreuil, pistes de lièvre, griffures de renard. Entre deux arrêts, notre guide nous raconte des anecdotes de frontière, les histoires de ces hommes qui jouaient au chat et à la souris avec les douaniers, dissimulant leurs butins dans les caches de la forêt.

Le midi, nous déballons nos pique-niques dans une clairière enneigée. Le silence de l’hiver se mêle au rire des conversations. Puis nous reprenons notre marche jusqu’au refuge. En fin d’après-midi, place aux jeux collectifs : bataille de boules de neige, défis en équipe, glissades joyeuses.

Le soir venu, le temps fort approche : nous préparons ensemble notre Réveillon jurassien. Sur la table, la fondue fume et appelle les baguettes plongées avec gourmandise. Le vin blanc fait chanter les verres, les conversations fusent, la chaleur humaine se mélange aux crépitements du feu. Le dessert arrive en apothéose : une pavlova généreuse, légère et craquante.

Peu avant minuit, nous sortons. Dehors, la neige absorbe chaque bruit, les sapins se dressent comme des géants immobiles. Nous levons nos verres sous les étoiles, portons un toast à la nouvelle année et accueillons le premier instant de 2026 dans un silence sacré, juste rompu par nos éclats de voix.

Bonne année 2026 ! Le premier matin de l’année s’ouvre dans la douceur d’un refuge encore tiède du feu de la veille. Autour du petit-déjeuner, nous échangeons nos souvenirs de la soirée, nos souhaits pour l’année à venir, nos rires encore accrochés aux murs. Ensemble, nous remettons le refuge en état, comme une petite maison que nous quittons en laissant derrière nous un bout de notre histoire.

Puis nous redescendons tranquillement vers Bois-d’Amont. La forêt nous accompagne une dernière fois, avec ses grandes ombres, ses traces furtives, et cette impression d’avoir marché dans les pas d’un autre temps. Retour à la gare pour 13h00, encore habités par ce Nouvel An hors du monde, enveloppés par la forêt du Risoux et les légendes des contrebandiers.